Comment prendre bien soin de votre…tortue
des Steppes !
La tortue des steppes, ou Testudo horsfieldi, est une proche parente de notre tortued’Hermann nationale. Les spécimens sauvages
vivent dans les steppes d’Asie centrale (de laRussie à la Chine). En France, on la trouve assezfacilement en animalerie et est vendue, à tort
ou à raison, comme « tortue de jardin ».
Pourtant, cet animal s’adapte assez mal à unclimat autre que son climat naturel ce qui peutfavoriser le développement de certaines
maladies et une mort prématurée. Lorsque vous adoptez une tortue, une consultation chez votre
vétérinaire NAC(1) est donc indispensable pour refaire le point sur son entretien, plus complexe que
celui des animaux domestiques classiques.
❖ Comportement et environnement :
Les tortues des steppes sont plutôt solitaires mais il est possible de faire cohabiter des femelles sans
trop de problèmes. En revanche, la tortue mâle, en période de reproduction est souvent très insistante
voire agressive avec les femelles, il est donc conseillé de séparer les sexes lorsqu’ils sont connus. De
même on évite la cohabitation entre des tortues d’espèces différentes, notamment avec la tortue
d’Hermann, afin d’éviter l’hybridation. La tortue des steppes est confrontée dans la nature à des
climats extrêmes : très chaud en été, très froid en hiver et globalement sec. Cela en fait une espèce
peu adaptée à la vie en extérieur en France métropolitaine. Ainsi, pour les individus juvéniles et pour
les adultes en dehors de la saison estivale, une vie en terrarium dont les paramètres de milieu sont
contrôlés est nécessaire. Pour un individu seul, un terrarium d’un minimum d’1,20 cm de long est
recommandé et d’au moins 20-30 cm de haut. Les tortues sont habituées à franchir les obstacles, ainsi
la présence d’un grillage, a minima au-dessus du terrarium est conseillé pour éviter les fugues. Le sol
du terrarium peut être d’un substrat (tourbe, fibres de coco…) et doit être équipé d’au moins une
cachette à l’extrémité non éclairée du terrarium et d’un point d’eau (gamelle plate). La nourriture sera
plutôt distribuée dans une gamelle afin d’éviter l’ingestion de substrat. A l’autre extrémité du
terrarium, doivent être installées une lampe chauffante et une lampe UV à environ 30 cm du sol du
terrarium, de manière à obtenir une température de 30-35°C au point chaud. La température peut
être contrôlée automatiquement avec un thermostat. Dans l’idéal, le terrarium doit être équipé d’un
thermomètre au point froid (entre 23 et 25°C), et d’un autre au point chaud. En dehors de la période
d’hibernation, le rythme d’éclairage doit être de 10 à 12h de jour pour 12 à 14h de nuit. La
photopériode est progressivement réduite à l’automne pour enclencher le processus d’hibernation sur
les individus assez âgés (>3 ans). La nuit la température peut descendre à 20-23°C. L’hygrométrie doit
être maintenue entre 30 et 55% chez les adultes. Chez les juvéniles, elle peut être un peu plus élevée
pour garantir une croissance correcte.
Si la météo le permet, elle peut vivre dans un enclos extérieur sécurisé pour éviter les fugues. Ce sont
de bonnes fouisseuses et elles peuvent passer facilement sous un grillage. Il peut donc être nécessaire
d’enterrer les barrières assez profondément, voire de bétonner le fond de l’enclos. De même, il est
Crédit Photo : Docteur Devaux
Les conseils de votre vétérinaire
Par Lauriane Devaux, Docteur Vétérinaire, pour Chezmonveto
préférable d’avoir des clôtures suffisamment hautes pour ne pas être escaladées. L’enclos doit être
installé dans un endroit chaud et sec, avec une végétation rase pour ne pas garder l’humidité et des
arbustes, buissons, pierres et buses pour offrir des abris. Il est aussi possible d’installer une mini serre
ou « solarium » au Soleil pour avoir un endroit plus chaud et plus sec que le reste de l’enclos si la tortue
en a besoin. Enfin, un point d’eau et une surface propre pour poser les aliments (pierre plate, gamelle)
doivent aussi être mis à disposition.
❖ Particularités physiologiques :
La tortue des steppes a une espérance de vie de 40 à 60 ans et mesure entre 15 à 25 cm à l’âge adulte,
les femelles étant plus grosses que les mâles. C’est une tortue principalement herbivore, qui peut
inclure des éléments carnés lorsqu’elle se balade dans le jardin (petits mollusques notamment). La
ration doit être suffisamment riche en calcium pour garantir une croissance harmonieuse et la solidité
de la carapace. Une complémentation est d’ailleurs recommandée chez les juvéniles. Des végétaux
frais tels que l’endive, les fanes de radis, la chicorée, les blettes, le céleri branche, les feuilles de
betteraves/ronces/brocolis, ainsi que le plantin, le pissenlit et le trèfle peuvent être proposés.
❖ Médecine préventive :
Il n’y a pas de vaccin chez les reptiles, en revanche une visite annuelle avant chaque mise à
l’hibernation est recommandée pour un bilan de santé et une vermifugation. Une visite peut aussi être
nécessaire à la sortie d’hibernation.
❖ Reproduction :
La tortue des steppes est mature sexuellement à 10 ans en moyenne. La période de reproduction court
entre mars et avril. A partir de mai-juin les femelles entrent en ponte et peuvent avoir 2 à 4 pontes
éloignées d’une vingtaine de jours avec une moyenne de 4 œufs à chaque épisode (entre 3 et 9 œufs).
La durée d’incubation varie entre 60 et 100 jours.
Question curieuse : Qu’est-ce que l’hibernation ?
L’hibernation est une période de dormance pendant laquelle le métabolisme de la tortue est au plus
bas. C’est un mécanisme d’adaptation qui lui permet de passer une saison qui n’est pas propice à sa
survie : trop peu ou pas de nourriture, températures extrêmes, hygrométrie inadaptée… Ainsi, en
fonction de leur région d’origine, certaines tortues vont hiberner en hiver, ou estiver en été et d’autres
espèces n’auront pas besoin de ce repos saisonnier.